Borobudur & paysages Javanais

Culture et traditions


Borobudur

Mardi 19 Nov

Aujourd'hui c'est le grand jour tant attendu de la visite de Borobudur. Bien des gens nous l'ont conseillé et c'est visiblement un immanquable d'un passage sur l'île de Java ! Ce qu'on en sait c'est que Borobudur est un temple bâtit au 9ème siècle au sommet d'une colline et caché pendant près de 1000 ans par les cendres volcaniques, la terre puis la végétation qui l'ont recouvert.

On a réservé un scooter pour y aller et un guide pour le visiter, on est en pleine forme ou presque à 6h quand on se lève et on prend des forces avec une bonne tartine choco + banane et on espère être là bien à l'heure aux premières visites de la journée pour ne pas avoir trop chaud et ne pas croiser trop de monde... On ne veut pas répéter notre erreur du Batu Caves...

On enfourche le scooter, je suis pilote et Lu derrière moi fait la navigatrice, tout se passe bien, le trafic est plutôt calme si tôt le matin, les paysages sont beaux, il y a des maisons partout, peu de zones sont laissées libres en bord de route. Tout au long du chemin, on croise du monde sans arrêt, une vraie fourmilière cette île !

Quand on arrive dans la ville qui abrite le temple, il semble y avoir beaucoup d'agitation. La route qu'on doit emprunter est fermée. Merde ! Un imprévu ? On demande aux locaux, on cherche, on entend de la musique, on aperçoit des coureurs au loin... Mais oui bien sûr ! C'est le marathon de Borobudur qui a lieu justement aujourd'hui ! Que c'est cocasse de tomber justement le jour du marathon pour cette visite si emblématique d'un monument oublié ! On trouve une autre entrée, on gare le scooter et on passe les contrôles de sécurité. Quand on arrive avec notre guide devant le temple c'est incroyable. On est face à ce gigantesque temple vieux de 1000ans, construit et taillé bloc par bloc par les boudhistes et en même temps, au milieu de la musique techno qui ambiance les coureurs (qui sont absolument tarés d'ailleurs parce qu'il est 8h30, il fait déjà assez chaud pour suer à ne rien faire, et certains vont encore courir jusqu'à midi...). 


La visite est hyper intéressante. On apprend le contexte de la construction du temple, la signification des statues, des bas reliefs et gravures, des empilement de blocs, etc. 

Voilà ce qu'on a retenu: Borobudur c'était un lieu de recueillement mais aussi d'apprentissage et de méditation. Il est composé de deux millions de blocs de pierre volcanique empilés pour former 10 étages. Les cinq premiers étages sont des terraces ornées de plus de 2500 bas reliefs qui illustrent la vie des buddhas. A l'époque les élèves venaient y apprendre les principes bouddhistes, devaient comprendre et retenir toutes les histoires décrites par les bas reliefs et montaient d'étage en étage au fur et à mesure de leur apprentissage. Le dernier étage étant le nirvana, les élèves doivent passer un long examen reprenant toutes les histoires des bas reliefs ainsi que des tas de concepts de philosophie et méditation pour pouvoir y prétendre.


C'est un lieu absolument impressionnant et encore chargé d'histoire que l'on ressent bien fort une fois en haut de ce gros tas de pierre perdu au milieu de la jungle qui nous laisse admirer au loin les volcans. Autour de nous, des statues de Buddha sont enfermées dans des grandes cloches trouées, le tout en pierre volcanique comme pour tout ce qui nous entoure... La musique techno nous ramène de temps en temps sur terre et nous permet de ne pas oublier qu'on est quand même encore au 21ème siècle. 

La visite se termine doucement, il faut quitter le temple mais on peut encore librement se promener autour parmi les coureurs venus se prendre en photo avec leur médaille. C'est amusant de se dire que pour nous c'est probablement notre seule visite de ce monument sacré classé à l'Unesco et pour eux c'est un dimanche comme un autre avec ce gros tas de pierre qui fait partie du paysage... 

Après un verre de jus de canne à la sortie, on quitte doucement notre ami Boro par les petites routes. Les gens recommandent généralement d'aller ensuite voir les nombreux temples de Prambanan mais on a pas envie. On préfère aller se balader jusqu'à un point de vue qui nous permettra d'apercevoir le mont Merapi, volcan actif dans la région ! 

Il nous faut une bonne heure bien tassée pour arriver dans le village qui nous donne accès au point de vue. On mange un nasi goreng au bord de la route puis on continue de monter dans de toutes petites rues de moins en moins peuplées et de plus en plus sauvages. Quand on s'arrête là où le gérant de l'auberge nous avait conseillé, on est au milieu de rien à côté d'une ruine devant une grande forêt tropicale dans laquelle s'enfonce un sentier... 

On tombe assez vite sur un escalier en terre et en béton qui semble monter tout en haut de la montagne. On est sur de rien mais on le tente. Évidemment il n'y a pas la moindre indication ! On grimpe longtemps, presque trois quart d'heure en admirant la vue dès que possible et on ne croise que 4 autres personnes. Quand on arrive en haut des 1753 marches (j'ai compté) il y a une sorte de point de vue entièrement pavé de marbre. Le lieu semble presque religieux. Il y a un gars avec une grande robe blanche et un petit chapeau plat qui semble prier. Lu se dit que c'est musulman et que du coup elle n'est pas la bienvenue. Elle reste en bordure de la zone en marbre. Moi j'y vais et je m'imprègne de l'atmosphère étrange mais très calme qui règne ici au dessus. (On comprendra plus tard que cette zone étrange pleine de marbre est une tombe et un lieu de recueillement...) On ne voit pas le mont Merapi à cause d'un brouillard épais qui a tout envahi alors après quelques minutes passées en haut, on redescend assez rapidement pour aller profiter du coucher de soleil près du dernier temple à voir aujourd'hui, Candi Ijo.


Je compte y sortir le drone et faire quelques beaux plans aériens ! Je me réjouis d'aller voir alors on saute sur la moto et on fonce. Le soleil descend déjà dans le ciel, les rizières et les palmiers que l'on dépasse nous semblent déjà très beau alors on se réjouis d'arriver au temple ! Selon le GPS, on n'est pas très loin, juste 20min de route. On suit les indications qui nous font passer par toutes sortes de petites routes comme depuis le début sauf que là tout à coup, ça ressemble vraiment à un petit chemin uniquement pédestre... Vu à quel point c'est casse-gueule, on fait demi tour et on prend un chemin plus long par la vraie route cette fois. Après plusieurs centaines de mètres un gars nous fait remarquer que le pneu arrière est à plat... Je me disais bien qu'on sentait fort les bosses... 

Alors on décide de s'arrêter à une station essence, de regonfler le pneu, et de voir si ça tient. On roule encore quelques centaines de mètres, voir kilomètres, mais à nouveau je sens que le contrôle du scooter n'est pas optimal. A mon avis, ça doit être une crevaison, on s'arrête immédiatement. J'ai envie d'essayer de trouver un garage mais je sais pas comment on peut faire. Là où on s'est arrêté, c'est en fait un parking de restaurant. Alors je fais les signes et il y a un gars qui sort du resto et qui évidemment ne parle pas un mot d'anglais. Il essaye quand même de nous aider et de comprendre ce que j'essaye d'expliquer... Je lui montre le pneu en faisant des gestes pour expliquer qu'il est à plat et que c'est une crevaison alors il demande à un autre gars qui demande à un autre gars qui dit qu'il y a un garage pas trop loin dans la rue. Le type qui a décidé de nous aider prend mon scooter (vu qu'il se considère, à raison, plus léger que moi) et m'invite à le suivre avec son scooter à lui avec Ludivine derrière moi.

Quand on arrive chez le garagiste il repart sans demander son reste. On est donc là tous les deux avec le garagiste qui travaille sur notre pneu on n'a pas échangé un seul mot. On ne sait pas combien ça va nous coûter ni combien de temps ça va prendre mais c'est pas très grave. Le plus important c'est de réparer le scooter et d'aller voir le coucher de soleil au temple. Alors on attend et on fait des grands sourires au garagiste qui applique une sorte de rustine sur le pneu qu'il fait chauffer avec un petit peu d'alcool à brûler. Il me dit que ça va prendre du temps (ou en tout cas il essaie de me dire des trucs). 


Nous pour faire passer le temps on regarde au loin des cerfs-volants qui volent au-dessus des rizières attachés par un câble qui doit faire une bonne centaine de mètres. Le garagiste voyant qu'on est curieux nous invite à venir voir et même à essayer de tenir la corde du cerf-volant (ça tire vraiment fort !).

Encore une fois le moment est très chouette, le soleil baisse de plus en plus, il y a des enfants qui courent dans les champs avec des plus petits cerfs-volants. Nous on tient la grosse corde du grand cerf-volant et on attend simplement que le garagiste ait fini son travail, que la rustine ait finit de chauffer, et que le pneu soit réparé.


Quand tout est terminé, on paye 20 000 roupies au garagiste et on le remercie chaleureusement. Il nous dit encore plein de trucs qu'on ne comprend pas, on dit "Oui oui, merci merci" et on file vers le temple. On aura peut être une chance d'attraper les derniers rayons avant qu'ils partent pour la nuit ! 


On approche, plus qu'une longue côte, deux trois virages et on y sera ! À nous le temple tant attendu ! Dans le virage, je sens que le contrôle du scooter est à nouveau étrange... Je m'arrête, vérifie le pneu arrière,... Il est à nouveau plat. J'imagine maintenant que ce que disait le garagiste c'était : "Roulez molo les gars. C'est fraîchement réparé, faut rouler coolos hein !"

Bon ben c'est décidé, pas de second temple et pas de coucher de soleil. Le dieu du scooter en a décidé autrement. On trouve encore un autre gars qui nous dirige vers un autre garagiste qui ouvre péniblement sa boutique qu'il avait fermée un peu plus tôt. Il arrache la réparation précédente et passe bien 40 minutes à réparer à nouveau et cette fois sans les cerf volants et dans la nuit qui tombe. On rentre alors à max 30km/h pour ne pas forcer et s'assurer de faire le trajet en une seule fois en gardant bien le pneu capricieux gonflé.

Bien fatigués de toutes ces (més)aventures, on va manger au plus proche, au plus vite et on file au lit...


Village de Tembi

Mercredi 20 nov

Le scooter rendu, on a fait le tour de ce qu'on voulait voir à Yogyakarta et on décide de réfléchir à ce qu'on va faire les prochains jours. Ludivine a très envie d'aller grimper le mont Semeru, on se renseigne donc sur les trajets en train etc. 

A midi il fait faim comme on dit ici, on sort pour chercher un gado-gado, salade froide à la sauce aux cacahuètes. En chemin on rencontre par hasard un petit gars sympa qui engage la conversation et discute avec nous de ce qu'on a aimé en Indonésie jusque là. Entendant ce qu'on aime, il nous dit qu'on a rien à faire dans la ville et qu'on devrait vraiment aller dans un petit village à 15min d'ici, Tembi

Le gars nous a convaincu et on avait rien de prévu cet après midi. On prend un Grab et en 15min on arrive au village devant une fabrique de Batik, Leksa Ganesha. Le gars qui nous accueille et nous fait visiter est super accueillant ! Si vous passez dans le coin allez lui rendre visite ! On voit encore une fois tout le processus de fabrication et ici ils font du batik aussi sur des poteries, des objets en bois etc. Il y a aussi des ateliers découverte pour faire soi même sa toile en batik, une galerie d'exposition, on rencontre plusieurs artistes et on discute de leur art et de ce qui les motive. C'est trop chouette tout ce qu'on voit !


On est tous les deux super contents d'être venus ici ! Le gars nous conseille d'aller faire un tour derrière la boutique dans les champs de riz, on s'exécute, on marche un peu, et fait voler le drone pour faire quelques photos et vidéos d'en haut. C'est splendide et c'est vraiment ce cliché de la campagne asiatique qu'on avait pas encore trop vu ici en Indonésie. On passe un vrai bon moment sans se poser la moindre question...

Après notre balade on revient à l'atelier pour prendre un café vu que le gars est fan de cafés et en a de toutes sortes. Tous cultivés sur Java dans les cendres volcaniques des 5 volcans de l'île. Parmis tous les bocaux, Lu choisi un Arabica du volcan Ijen, servi filtré pour ne pas qu'il soit trop fort. Moi qui suis beaucoup plus costaud et envieux de goûter celui qui sent super bon, je prend le Robusta du volcan Merapi. Comme j'aime bien les expresso, il me propose de le faire avec sa presse manuelle, je n'avais jamais vu ça, il met toute sa force pendant de longues minutes sur les grands bras de leviers de la presse faisant presque exploser les veines de son front, ça promet d'être un café de caractère !

On passe un super moment à les déguster tout en parlant avec le propriétaire de la façon dont ils ont géré le Covid en communauté proche. En prenant bien tous soin les uns des autres, en organisant des tournantes pour prendre soin des malades, des potagers et une grande cuisine commune pour nourrir les plus faibles et isolés, ils ont réussi à n'avoir que deux décès sur un villages de plus de 1000 habitants. Un bouquin et une expo de toiles de batik expliquent leur démarche. C'est très beau et on découvre leur magnifique esprit communautaire

Il est déjà 17h et on ne doit pas trop tarder, ce soir on prend le train vers Malang. On remercie notre ami du Leksa Ganesha pour tout ce qu'il nous a fait découvrir cet après midi et on s'en va manger un bout un peu plus loin dans un resto un peu plus classe que nos habituels bouiboui de rue.

C'est là que se réveillent les effets du café sur ce "grand costaud" qui a pris un expresso. Je tremble, j'ai super soif et je suis excité comme une puce, je suis in-calmable ! Heureusement on est dans un cadre magnifique, on mange un plat délicieux cuisiné avec des ingrédients cultivés dans le village et dans le jardin du restaurant, le tout accompagné du coucher de soleil sur les rizières et du chant des muezzins, difficile de rêver mieux pour clôturer l'aventure Yogyakarta et ses alentours... 

Se connecter pour laisser un commentaire.
Ja & Yogya -karta
Les grandes villes de l'Ouest de Java