Ja & Yogya -karta

Les grandes villes de l'Ouest de Java

Arrivée à Jakarta

Jeudi 16 Nov.

Jakarta est encore une fois une méga ville mais dans un style très différent de Kuala Lumpur. On y trouve beaucoup moins de tours et gratte ciel et la ville semble bien moins européanisée comme on l'aurait dit pour Kuala Lumpur. 

Le trafic est absolument incroyable ou qu'on aie. Il y a partout un flux constant de voitures et de scooters qui se dépassent et se klaxonnent sans jamais une seconde de répit. Pas tout à fait étonnant pour une des villes les plus peuplée de la planète. 


On s'est laissé un peu de temps pour démarrer ce matin vu qu'on est arrivé en pleine nuit. Un Grab (taxi) nous emmène au centre via les autoroutes hyper congestionnées, une fois dans le quartier budget près du centre, on va d'hôtel en hôtel pour trouver celui qui nous plaira pour ce soir. Le premier, une auberge avec des gens très accueillants n'a plus qu'une chambre de libre sans airco et à la literie douteuse. Le deuxième semble correct au premier abord, toujours un peu sale mais c'est déjà mieux. Voulant encore comparer, on se fait emporter par un local qui veut nous faire faire le tour des hôtels qu'il connaît sans parler un seul mot d'anglais. Il nous envoie dans un établissement à l'allure douteuse qui annonce complet puis dans un second qui ressemble étrangement à un hôtel de passe... Faute de mieux on retourne à ce qu'on a vu de mieux aujourd'hui, on pose nos affaires et on part manger et découvrir le centre de Jakarta

On est à deux pas du centre avec un grand parc et les points d'intérêt. En y allant on ne trouve aucun resto, aucune échoppe, que des ambassades et des gros bâtiments administratifs (et une manifestation très bruyante surveillée de près par la police). On s'écarte un rien du parc du centre et on trouve vite une ruelle pleine de petites charrettes qui vendent des plats et des boissons. Ici pas de menu, chaque enseigne fait un seul plat. On fait confiance à notre instinct et on choisit l'endroit où plusieurs personnes sont déjà en train de manger. Deux clients bien gentils voient immédiatement notre confusion et nous aident à commander deux Ketoprak... Avec un nom comme ça, difficile de savoir à quoi s'attendre... 

Pousses de soja, œufs, tofu, sauce cacahuètes, des boulettes de riz, des morceaux de patate et des krupuk. Le mélange est juste délicieux ! On mange ça assis sur un mini tabouret posé sur le trottoir avec un deuxième tabouret en guise de table. 

Le ventre bien plein et le moral au beau fixe, on va découvrir le centre ! Une sorte de grand obélisque se dresse devant nous au centre d'un parc quasi vide. C'est le monument national qui fait aussi office de musée. À l'intérieur on se laisse absorber par des dizaine de dioramas qui illustrent et expliquent l'histoire du pays. Des techniques anciennes à l'indépendance en passant par toutes les étapes de la colonisation et des guerres qui ont eu lieu. C'est super intéressant et très bien fait ! Quand on a tout vu, on sort sur la plate-forme supérieure pour aller voir la vue sur la ville. Après moins de 10min dehors, on se fait mettre à la porte car le musée ferme. On aura pas eu beaucoup de temps de profiter de la vue mais ce fut quand même sympa.

On continue notre visite par une gigantesque mosquée qui n'est pas trop loin. En face de la mosquée, une église catholique qui nous rappelle beaucoup ce qu'on trouve chez nous et qui pendant un instant nous fait un peu nous sentir à la maison... 

On prend un jus de fruit et on se balade dans un autre parc plus petit et très joli où on voit le soleil se coucher avec en avant plan un groupe d'indiennes qui répètent leur danse... Le soir on continue de découvrir la nourriture locale avec du Nasi gila et Nasi telor dadar.

Quand on va se coucher on découvre un peu mieux la chambre et on se rend compte que tout est miteux ! Les draps ont des traces de moisissure, les murs aussi, une odeur de clope règne partout (ben oui des gens fument dans le hall et les tables de nuit sont pleines de tâches de brûlures), la douche marche a peine, il n'y a plus de papier toilette,... Le rêve ! 


Vendredi 17 Nov.

Le matin, ayant l'impression d'avoir vu ce qu'on voulait de Jakarta et en ayant marre des grandes villes, on quitte l'hôtel pourri et on va prendre le train qui va nous amener à Yogyakarta. Le train démarre à 11h et dure 8h30. On va donc y passer la journée ! Mais on aura traversé environ la moitié de l'île de Java !

Au début les paysages nous présentent des rizières de toutes les couleurs mais surtout beaucoup de jaune, le riz y serait déjà récolté ? L'horizon est très plat, on ne voit pas l'eau mais on est toujours sur les côté de l'île de Java... 

Après Cirebon, on quitte la côte pour s'enfoncer dans les terres ! Arrivés à hauteur de Prupuk, des collines puis des montagnes commencent à sortir de terre ! C'est magnifique ! Certaines sont belles, douces et rondes et d'autres sont hyper escarpées et anguleuses ! Quel plaisir de quitter la ville et découvrir cet environnement qui va nous entourer pour les prochains jours ! 

D'ailleurs ça y est ! Ici les rizières sont bien vertes ! Parfois pleines d'eau, leur vert sous le soleil est juste splendide, ce voyage est tout un spectacle


Arrivée à Yogyakarta

On arrive à Yogyakarta (qu'on appellera assez vite Yogya ou Jogja, comme les locaux) quand la nuit est déjà tombée. À la sortie de la gare on est accueilli par des tas de taxi et tuktuk comme à chaque fois mais on décide de nous rendre à l'auberge à pied en seulement 30min de marche. 

L'auberge est super. Pour seulement 6euro la nuit avec des sanitaires et une chambre propre, une petite cuisine, une machine à laver, proche des attractions de la ville,... Imbattable !


On pose nos sacs et on va explorer les alentours et voir ce qu'on peut se mettre sous la dent. Le quartier est très sombre et calme, il paraît presque un peu inquiétant. On fait 3 rues sans succès alors on revient sur nos pas et on s'arrête à une table devant une maison ou un couple nous avait dit bonjour très gentiment avec de grands sourires. Leur stand ne nous inspirait pas mais faute de mieux... 

Ils nous demandent de choisir la viande qu'on veut dans notre plat. Devant madame, 3 grands bacs en plastique. Le premier contient des morceaux de poulets, tête et pattes y compris, le deuxième du poissons, le troisième du tofu et un autre truc blanc inconnu. C'est le tofu qui gagne ! Jouons la sécurité ! Je sais déjà pas ce qu'on va manger, bof envie de finir avec une crête et deux yeux dans l'assiette.

Quand c'est prêt, madame nous apporte nos assiettes : riz cuit, tofu et tempeh frites (le truc blanc inconnu qui s'avère délicieux), concombre, haricots, feuille de choux crus. Le tout accompagné de sauce aux piments méga piquants et du basilic goût citronnelle absolument génialissime ! C'est con on a adoré alors que c'est hyper simple. Est ce que c'est parce que certains goûts sont nouveaux ? Est ce que c'est juste l'aventure ou l'inconnu qui ajoute un goût particulier ? On ne sait pas mais on adore ! 

Ah et ce soir en lisant, j'apprend que l'eau du robinet n'est pas potable à Jakarta et globalement en Indonésie. Super nouvelle pour nous 2 qui remplissons nos bouteilles au robinet depuis 2 jours comme on l'avait fait habituellement en Malaisie... Voyons ce que ça va donner tout ça ! Disons pas de nouvelles,... Bonne nouvelle !


Visite culturelle Yogyakarta.

Samedi 18 Nov.

L'envie de cette journée est de découvrir Yogyakarta, son palais et ses richesses culturelles. On est partis de bonne heure à pied jusqu'à croiser la route d'un petit monsieur avec un drôle de vélo qui nous semble bien charmant et nous donne tout un tas de conseils sur la ville et les lieux à visiter. Une fois chose faite, il nous confie son prix pour une visite sur son vélo qui ressemble à un tricycle à l'envers. Deux sièges et deux roues à l'avant et lui qui pédale à l'arrière. C'était vraiment pas notre idée de départ mais le monsieur est si sympa et le prix si bas qu'on se laisse tenter ! 

Sur le trajet on discute avec lui, il nous explique que le Covid a beaucoup peiné Jodja car de nombreux commerces ont fermés mais que la ville est toujours très riche de choses à faire et découvrir, qu'il a 76ans et fait ce métier depuis plus de 30ans, que les jeunes qui remplacent le travail des jambes par des moteurs de scooters sont des faibles... Bref on s'amuse bien avec lui ! 


Le premier arrêt est un atelier de batik, méthode de décoration des tissus utilisée depuis des siècles mais modernisée au fil des années. On est guidé à travers l'atelier par un jeune gars super sympa qui se débrouille bien en anglais et connaît super bien son sujet. Une sorte de Antoine Nyssen local avec des mains plus fines et l'odeur du sirop en moins. L'idée générale c'est de dessiner sur un tissu ou un objet avec de la cire pour ensuite le teindre. La couleur va donc s'appliquer partout où la cire n'est pas présente et on retire ensuite la cire avec un bain d'eau chaude. Ça demande beaucoup de technique et pas mal de réflexion car il faut peindre sur les zones qui ne seront pas colorées. La méthode ancestrale n'utilisait qu'une ou deux couleurs et des motifs basiques. Maintenant les artistes ont développés des tas de techniques additives ou soustractives (avec de l'eau de javel) et utilisent parfois des colorants chimiques pour obtenir des effets et couleurs toujours plus évolués ! Malheureusement les jeunes sont peu intéressés par le batik et c'est un art pratiqué principalement par les anciens et qui tend à se raréfier...


Après l'atelier il nous montre rapidement les toiles exposées dans la galerie mais s'excuse et nous propose de ne pas traîner car il y a une panne de courant. On est tellement absorbé par la beauté de certains tableaux qu'on y reste un bon moment à se montrer ceux qu'on préfère qu'importe qu'il fasse sombre ! On a ni le budget ni la place pour acheter des grandes toiles de 2m carré mais on en prend quand même deux petites de 20x20 pour ramener comme souvenirs. 

Ça fait un bon moment qu'on est dans cet atelier de batik, on remonte sur le vélo et en route vers le deuxième point d'intérêt, le Kopi Luwak. Un café fait a base de caca d'animal ! Ici pas de visite, juste une dégustation du café, une explication et une civette en cage. Heureusement la demoiselle nous explique que le café est fait dans la jungle et que les civettes qui s'en nourrissent sont sauvages et donc pas contrôlées par l'homme qui se contente juste de ramasser leurs déjections après qu'elles aient mangé les grains de café. Une fois lavés et séchés, les grains sont vendus pour être consommés par l'homme comme l'un des cafés les plus cher du monde ! La digestion partielle par les civettes élimine une partie de l'amertume et modifie les arômes (tu m'étonnes). 


Le café est bon mais pas dingo non plus. On découvre en même temps le sucre de coco qu'on croque avant de boire une gorgée de café, ainsi que les boudoirs locaux. On déguste en discutant avec la demoiselle qui nous a fait la présentation, notre chauffeur de vélo et un autre gars. Le courant passe bien, ils nous recommandent toutes sortes de choses locales à voir et manger ! Nous on adore ! 


Avant dernier point d'intérêt, la fabrique de marionnettes ! Un type bourré d'énergie nous accueille et nous explique ce que sont, à quoi servent, et comment sont faites les marionnettes de cuir (Wayang). Ce sont des marionnettes en 2D sculptées dans le cuir de buffalo, peintes, articulées et soutenues par des bâtons de bambous ou des cornes. Elles servent d'instruments à un marionnettiste qui joue des pièces éducatives et humoristiques devant ou derrière un drap éclairé. Il articule et prête sa voix aux personnages pendant des représentations qui peuvent souvent durer toute la nuit ! Les marionnettes sont pleines de symboles et très variées à tel point qu'il y a plus de 300 "personnalités" de marionnettes fabriquées et connues pour l'utilisation dans ces spectacles.

Dernière étape du petit circuit touristique, le Taman Sari où notre chauffeur vélo nous salue et nous abandonne pour aller chercher sa prochaine course. On s'équipe d'un délicieux thé au citron glacé et on va visiter le Taman Sari. C'est un grand complexe anciennement construit pour le sultan et son utilisation lui était réservée ainsi qu'à ses proches et son harem. Il y a environs 500ans Yogyakarta était la capitale de Java et abritait le gigantesque palais fortifié du sultan. Il y avait des piscines, des lacs, des jardins, des canaux, des ponts suspendus et même une mosquée souterraine. Aujourd'hui les vastes espaces ont été repris par les habitants et le sultan n'occupe plus que le palais. On peut donc visiter les bains du sultans et toute la zone qui était anciennement ses jardins sont remplis de maisonnettes et de boutiques. Au détour d'une ruelle, un homme se met à marcher devant nous et nous expliquer des choses dans un anglais très vague. Il nous montre le palais en ruine, la mosquée souterraine et plein de trucs qu'on ne comprend pas. Il s'est improvisé guide et on arrive pas à s'en défaire. On change de direction, on lui fait comprendre qu'on s'en va mais il nous colle à la botte ! À mon avis il a compris qu'on était des gentils et qu'on saurait pas s'en décoller. Ou alors il a rien compris du tout et on est encore plus gentils qu'on ne le croit. Gentil n'étant pas toujours un compliment...

Après nous avoir montré tout ce qu'il connaissait, il nous présente gentiment la sortie en nous tendant la main, on lui lâche quelques billets et on part en hâte! Il est 14h30 et on rêvait de retrouver la sortie pour aller manger depuis un bon moment !


Les marionettes 

Le soir on va faire des courses au supermarché "Indomaret" du coin. A la sortie, une dame qui fait la circulation nous demande de prendre une photo ensemble, on accepte puis tout le monde s'y met. Tous les types qui font la circulation, les passants, les musulmans qui attendaient à la sortie de la mosquée, tout le monde !

Quand on part la dame nous remercie puis fait un signe à Ludivine. "Coupe coupe over there" ou un truc comme ça en montrant l'opposé d'où nous allons. C'est absolument incompréhensible mais Lu est curieuse. On fait demi tour et on va voir là où la dame nous montre. On arrive sur une grande place entourée de maisons et au centre un y a un grand préau. En dessous de celui-ci, tout est doré, des tas d'instruments. Comme on a fait la visite cet après midi, on comprend directement que c'est un spectacle de marionnettes qui se prépare ! 


Les musiciens arrivent sur scène, ils sont tous habillés en batik, dis donc c'est vachement raccord avec notre avant midi !

Ils ont toutes sortes d'instruments. Il y a des xylophone pour adultes (saron), des casseroles dorées avec leurs couvercles posés (bonang barung), des petits woks (gong), des grands woks (gong ageng), des petit couvercles de dînette, des tam-tam (kendang), des violons périscope (rebab), des flûtes de bambous, des grandes guitares couchées (celempung), tout l'attirail ! 

Après 1h de balances (on nous a visiblement trompé sur l'heure de début...), on a droit à plusieurs longs discours dont un de notre amis de la photo de tout à l'heure. Tout est évidemment en Indonésien (je suppose... Ça serait en grec ou en arabe, je ferai pas la différence). On ne comprend rien bien sûr. Il a de l'émotion dans la voix... Je suis pas sûr si les gens vont applaudir, pleurer ou si les meubles vont se mettre à léviter... Ah et on est assis derrière le grand chef que tout le monde a salué bien bas ! On apprend plus tard que c'est le grand maître des spectacles de marionnettes, il est là avec quelques un de ses copains et ils ont l'air très respectés et très importants... Ils sont tous sur leur 31 avec les habits de cérémonie et un grand couteau à la ceinture et nous en habits de voyageurs décathlon qui diffusent l'odeur de la journée qu'on vient de passer...


Les présentations se terminent par un Salam aleykoum, Aleykoum salam, et le spectacle commence... La musique et les moments de marionnettes s'alternent. Des dames passent dans les rangs distribuer du thé chaud et des petites boîtes de sucreries à déguster. On est un peu gêné d'être là ne se sentant pas tellement à notre place mais les gens autour de nous sont super sympa et ont l'air heureux de nous voir là avec eux ! On reste là à regarder ce spectacle pendant 1h30. On rit quand tout le monde rit, pas qu'on comprenne mais c'est communicatif et très amusant comme situation. Sachant que ça peut durer toute la nuit et que demain on se lève tôt pour aller voir Borobudur, on s'éclipse dans la nuit pendant un interlude musical, l'homme qui nous a guidé et expliqué le déroulement nous remercie d'être venu au spectacle et on rentre à l'auberge se préparer pour demain matin... Quelle surprise cette fin de journée ! 

Se connecter pour laisser un commentaire.
Kuala Lumpur & Malacca
La grande et la petite ville