Raúl

Woofing détente

Retour au Chili

Mardi 26 Mar.

Ce matin c'est la course, il faut vite vite quitter l'Airbnb, aller prendre un bus qu'on sait peu fiable pour arriver à la gare routière et prendre le car qui nous fera traverser la frontière vers le Chili. Quand on quitte l'appart on va à l'arrêt de bus et le chauffeur semble avoir du retard... 15min après l'heure, on se dit qu'il faut rapidement trouver une autre solution pour arriver à la gare si on ne veut pas louper le car... On court au Airbnb pour se connecter au WiFi et commander un Uber mais malheureusement on ne capte pas le WiFi depuis la rue et en plus la clé cachée à disparu, plus moyen de monter ! On court à nouveau à l'arrêt de bus pour espérer l'avoir, faire timidement du stop, et essayer de héler les taxis... Rien ne marche ! Après encore quelques minutes, le bus pointe finalement le bout de son nez avec plus de 20min de retard... On arrive tout juste à temps à la gare pour prendre le car qui était sur le point de démarrer, juste le temps de jeter les sacs dans la soute et remplir la déclaration pour passer la douane !

Le bus nous dépose à Osorno au Chili en début d'après-midi, le bus suivant vers Rancagua ne viendra nous chercher qu'à 21h... On a donc quelques heures à tuer... On laisse nos sacs à la conciergerie, on va me faire couper les cheveux, se balader dans la ville, découvrir la grand place et sa statue de taureau, manger un bout, etc... A 21h, un bus de nuit nous fait quitter Osorno vers Rancagua. Ludivine ne ferme quasi pas l'oeil de la nuit, un gros monsieur ronfle juste à côté d'elle et ça la rend folle. Moi j'ai mis mes bouchons et je rejoins le gros monsieur dans un beau concerto !



Raùl

Mercredi 27 Raúl 

Déposés par le bus, à 7h, à côté de l'autoroute, on marche jusqu'à la gare des bus histoire de trouver du café, un banc et un peu d'activité... Tout est fermé alors on s'assied sur un banc et on observe la ville se réveiller. Les étudiants attendent sagement en file que leur bus arrive, les ouvriers garent leur camion poubelle et viennent prendre leur café et empanadas, les chiens qui dormaient paisiblement dans leur petites niches se lèvent pour renifler les passants et récupérer les miettes tombées au sol, les taxis vont et viennent pleins de voyageurs, nous on achète un grosse part de gâteau et on regarde tout ça se dérouler, on échange quelques sourires gênés avec les gens en espérant qu'ils ne nous parlent pas parce qu'on est presque sur de pas savoir répondre... 

On a encore 9h à attendre dans la ville, le temps que Raúl ait terminé sa journée de travail et puisse nous emmener chez lui. On va donc aller voir la place du village et trouver un endroit qui a du café et du wifi. On fait à peine 200 mètres et un gars en face de nous nous regarde avec insistance. Qu'est ce qu'il nous veut ? Il s'approche et nous dit: "Yo soy Raúl".

Incroyable! Alors qu'on pensait errer avec nos gros sacs dans la ville pendant 10 heures, voilà qu'il nous pousse dans un bus, explique au chauffeur où nous déposer et qu'il nous dit qu'on peut aller se poser chez lui toute la journée en attendant son retour ! Une aubaine ! 

Quand on arrive chez Raúl, il est 9h, les abeilles butinent, les oiseaux chantent, la vue est magnifique et on a rien de prévu de la journée, je me sens comme en vacance dans les grandes vacances... Ça peut paraître con mais ça fait du bien de se poser sans rien avoir prévu pour la journée... Pas d'inquiétudes, pas de rush, pas de bus à réserver et attraper, juste nous et la nature... Un grand lac que longent des chevaux, les montagnes tout autour et juste devant nous, des petits colibris qui butinent les fleurs...

On passe l'aprèm à faire du montage, marcher dans les alentours pour découvrir les lieux, caresser le joli chien qui est venu nous rendre visite et attendre 17h que Raùl rentre de son travail de psy à la prison de Rengo...

Quand il rentre, il nous met tout de suite à l'aise en nous montrant sa maison, les placards et le frigo en nous disant de bien faire comme chez nous. On lui demande quelle est notre contrepartie, les tâches à accomplir et il ne semble pas trop savoir... Il nous propose de réparer le toit troué de son bureau en pyramide...

On passe la soirée ensemble à discuter en espanglish avec quelques touches de français en regardant le soleil se coucher...


La vie chez Raùl

Chez Raùl, la vie est douce. Il se lève vers 7h et part au travail, on le voit rarement partir et on sait qu'il ne revient qu'après 17h. On a donc la journée entière pour nous et ca nous va plutôt bien ! On est libre d'organiser notre temps comme bon nous semble tout en étant un peu coincés dans Los Maquis, incapables d'aller bien loin et donc déchargés de toute culpabilité de ne pas en voir ou en faire assez alors qu'on en a l'opportunité ! Une vraie libération !

Généralement on se lève doucement, le chien du voisin, on l'appelle Jean-Bernard, nous attend déjà sur la terrasse. On déjeune en admirant la vue et les abeilles et les petit picaflores, sortes de colibris, qui viennent butiner le gros buisson remplis de fleurs dont j'ai oublié le nom. On profite sans trop regarder le temps passer. On écrit, on fait du montage, on traine à regarder quelques vidéos, ou chipote sur nos téléphones... On glandouille en somme ! L'activité du jour dépend de nos envies et de l'avancée de notre travail.

Jeudi, on casse les fenêtres du toit de la pyramide qui laissaient entrer l'eau, on essaye rapidement sa piscine naturelle pleine de vase et le soir on convient avec Raùl de comment réparer le toit et on lui fait découvrir notre bonne potée liégeoise devant le coucher de soleil.



Vendredi, on referme la pyramide avec des panneaux d'OSB puis on se promène sous une chaleur de plomb jusqu'à un mini magasin local pour acheter de la nourriture pour midi et le soir. Ce soir Raúl est chez une amie donc on passe la soirée juste tous les deux


Samedi, Raùl ne travaille pas, on part tous ensemble en voiture faire une rando des cascades Tres Chorillos. On grimpe dans les collines jaunes d'herbe sèche pendant une heure jusqu'à arriver à côté de la rivière qu'on longe sur les rochers jusqu'à atteindre une cascade, celle dite du diamant. Ici il y a plein de locaux qui sont posés sur les rochers et profitent du soleil. Au pied de la cascade, un grand bassin dans lequel on veut aller se baigner mais l'eau est supposément à 5 degrés.

Le chiffre est dur à estimer mais disons que "hyper froide" est un bon qualificatif. Quand on se jette à l'eau, la respiration se coupe et il faut beaucoup d'effort pour se calmer et ne pas hyper ventiler. Après un moment, toute la peau picote et on ne sent même plus le froid. C'en est presque agréable mais pour moi c'est suffisant. Lu y reste encore de longues minutes à nager et contempler la cascade.


Sur le retour, on mange quelques empanadas dans une mini boutique au coin d'une rue mais ils ne sont vraiment pas très bon... Le soir, on déguste les Tortillas espagnoles à la Chilienne de Raùl, toujours devant le coucher de soleil, spectacle chaque fois différent et toujours grandiose. Raùl nous montre aussi que les mygales qui envahissent sa maison ne sont pas méchantes et j'en prend même une en main.


La vue est tout bonnement magnifique. C'est pas visible à première vue en arrivant dans le village mais une fois en hauteur, chez Raúl, ça saute aux yeux. Les montagnes en point de fuite à gauche, l'église, le domaine de vin et ses vignes, le soleil dont les rayons caressent les montagnes, le lac, les oiseaux qui qui volent en groupe au dessus de nos tête pour aller dormir dans les collines,...

Le soir, on clôture en regardant un film de Gaspard Noé sur son projeteur. Film en français sous titré espagnol pour convenir à tout le monde ! 


Dimanche, on va au marché à Rango pour faire quelques emplettes pour préparer un bon curanto et recevoir les amis de Raúl qui viennent lui rendre visite. Quand ils arrivent chez lui, on découvre 3 MacGyver. Tous ont un couteau suisse à la poche et tous s'activent pour tout préparer. Ils réparent le réchaud à gaz, préparent la tambouille, nous font goûter leurs bières au sel et au citron ainsi que le Jote, mélange de vin rouge et coca-cola. Ils sont super sympa et s'intéressent à nous, prennent le temps de parler doucement et nous expliquer leur vie et ce qu'ils connaissent des plantes qui nous entourent comme le boldo qui permet d'améliorer la digestion et le transit...

Quand le curanto est prêt, tout le monde s'en sert un grand bol et le déguste avec plaisir! C'est délicieux ! Une grande marmite de viande (qu'ils ont abatue eux même), chacun a ramené quelques morceaux de sa réserve personnelle. Il y a du poulet, du lapin, du porc, des coquillages, des moules... Avec tout ça, quelques maigres carottes et pommes de terre pour se donner bonne conscience.

Jacques brel en fond, le curanto prenant toute la place dans nos estomacs, on commence à parler de plus en plus et se sentir presque chiliens. Peut être un peu aidés par les quelques bières qu'ils nous ont poussées dans les mains, les expressions qu'ils nous ont apprises (weon) ou la nourriture qu'ils nous ont fait goûter...


La vie est belle, le soleil descend doucement... De temps en temps l'un tape sur l'épaule de l'autre et lui propose d'aller voir la vue avec leurs jumelles de poche. Ils regardent on ne sait quoi mais se montrent sans cesse des choses à observer.



Lundi et Mardi se ressemblent, on continue notre petite routine, on place une sous-toiture puis des tuiles sur la pyramide pour tout refermer, on publie quelques articles sur nos blogs, et on se laisse porter par nos envies, toujours en compagnie de JB le chien.


Le soir quand Raúl rentre on joue à quelques jeux de cartes et on discute de tout et de rien, souvent en espagnol avec parfois un peu de français qu'il essaye d'apprendre...

On se sent un peu coupables d'en avoir fait si peu dans cet échange, on a l'impression de ne pas avoir travaillé assez pour Raùl, d'avoir profité de sa gentillesse mais en faisant le bilant avec lui, il n'en est rien. Il est super content de nous avoir rencontré, d'avoir eu l'occasion d'exercer son français et son anglais avec nous et il n'aurait pas imaginé qu'on répare complètement sa pyramide. Il semblerait donc qu'on puisse partir la conscience tranquille !

Mercredi, c'est notre dernier jour. On a remercié chaleureusement Raúl la veille au soir et vers midi, on quitte sa maison géodésique pour filer vers Rango puis Santiago et enfin Mendoza.


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